Auteur: Olivier Auroy
Editeur: Editions Intervalles
Date de publication: 2018
Nombre de pages: 264 pages
Genre: Contemporain / Thriller
Note: 9/10
Résumé:
Au salon de massage de luxe de M. Victor, rue de Courcelles, entre les mains habiles de Waan, les hommes s’abandonnent. Depuis qu’elle est devenue orpheline, Waan est reconnaissante envers M. Victor, un ancien associé de son père, de lui avoir évité la fin tragique de la plupart des filles de sa condition en Thaïlande. Mais toute protection a un prix, que M. Victor n’oublie pas de réclamer entre deux symphonies. Et si l’écrin somptueux dans lequel elle pratique aujourd’hui n’a rien à voir avec les arrière-cours miséreuses de Chiang Rai, depuis quelques semaines Waan ressent une inquiétude diffuse. Waan rêve alors de tout changer. Ne plus masser le corps des hommes. Mais a-t-on toujours le choix ? L’Amour propre est un thriller osé, palpitant et implacable dans l’univers clos et énigmatique des salons de massage. C’est aussi une réflexion sans concession sur le rouage cruel et douloureux que peut constituer le désir des hommes et un plaidoyer radical pour le respect de celui des femmes.
Avis:
Je tiens tout d’abord à remercier Olivier Auroy qui m’a donné la possibilité de découvrir son roman, avec beaucoup de gentillesse.
En lisant le résumé de cet ouvrage, je m’attendais à entrer dans le monde de la prostitution, de la violence sexuelle. Ce fut le cas mais, ce livre va bien plus loin.
Dans ce roman nous suivons la vie de Waan, une thaïlandaise qui a perdu la protection d’une famille et a du “travailler” pour vivre. Un jour, monsieur Victor vient la sauver de cet enfer et la plonge dans son salon de massage huppé.
On vit tous ces événements avec Waan, on s’attache à elle et on cherche à comprendre comment elle a pu en arriver là.
Le roman nous fait découvrir la vie de la jeune thaïlandaise au fur et à mesure. Cela donne un aspect très réaliste au livre. On a l’impression d’avoir une amie qui nous raconte son passé par bribes.
L’auteur nous explique parfaitement comment une femme peut tomber dans la prostitution, que ce soit volontaire ou non, qu’elle comprenne l’acte ou non. Les femmes et leur ressentie sont au centre de l’ouvrage.
J’ai trouvé la façon d’évoquer les scènes de sexe très intelligente de la part de l’auteur. En tant que lecteur nous somme choqués par ce que subissent ces femmes mais Olivier Auroy ne va pas dans le sordide. Les mots sont bien choisis, il n’y a pas de sexe pour le sexe, il y a toujours une raison à l’acte. Chaque phrases a son utilité.
Ce livre touche également plusieurs genres. L’auteur nous emmène dans des pays “lointains” et au coeur de Paris, il nous montre la réalité des choses. Il y a un aspect documentaire très intéressant où l’on comprend la vie de certains enfants mais avec la proximité que le roman peut offrir. Nous ne somme pas chagrinés par une petite fille à des kilomètres de nous, on est en colère pour Waan qui représente toutes ces jeunes filles qui perdent leur enfance.
Il y a également une grosse part de thriller, pour moi, c’est le fond du livre. On suit Waan dans sa recherche d’explication, elle veut savoir ce qui est arrivé à sa famille, elle veut comprendre qui est monsieur Victor et ce dont il est capable.
On est pris dans l’action, on cherche avec elle, il y a pleins de petites histoires qui s’entrecoupent et qui donne des informations sur la suite des événements.
Je ne veux pas en dire trop sur les sous intrigues, il faudra le découvrir par vous même.
J’ai trouvé que l’action était très bien menée, les pages se tournent sans que l’on s’en aperçoivent et l’on veut savoir ce qu’il va se passer.
Olivier Auroy nous parle également d’amour, de reconstruction. Comment être une femme, connaître le bonheur quand la vie nous a tout pris? Comment être une mère quand on vit dans un salon de massage? Comment tomber amoureuse quand les hommes nous ont toujours vu comme un objet procurant du plaisir et non comme une personne a part entière?
Il y a beaucoup de questionnement dans ce roman, il nous fait réfléchir. Aujourd’hui, je pense à toutes ces femmes qui cachent l’ignoble vérité derrière de faux sourires.
L’auteur a un style d’écriture très fluide, je n’ai aucune critique à faire. Je me suis dit à plusieurs reprises que j’aurais aimé écrire cette phrase moi aussi.
La lecture est très agréable, tout est parfaitement compréhensible, les phrases sont légères,…
La fin, par contre, m’a posé question. C’est une fin ouverte et j’ai plus de mal avec ça. Je préfère les fins ou tout établis, où tout est résolu. Ici, on peut imaginer une multitude de fins différentes, du coup, j’ai créé ma propre fin!
Citations:
“Je voulais être libre, sans attache, sans responsabilité, sans maître. Je me suis fait des illusions. On a toujours un maître, il prend toutes les formes, celle d’un patron, celle d’une famille, celle de l’argent et dans mon cas, celle de l’actualité qui conditionne mon existence. Le secret, c’est d’avoir plusieurs maîtres et de ne jamais laisser l’un d’eux prendre le dessus.”
“A quelques rares exceptions près, elle ne massait plus que des gentlemen. Mais c’était quoi au juste un gentleman ? Un goujat qui a décidé d’être patient ?”
“Leïla affirmait qu’un début d’une histoire d’amour, il y avait toujours un instant précis, hors du temps, où l’homme et la femme découvrent avec émerveillement la force du sentiment qui les unit.”
Thème: 8/10 Style: 10/10 Plaisir: 9/10
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